Salle politique

Une entreprise doit-elle se politiser?

 

Pour le blog de cette semaine, j’ai décidé de joindre deux de mes passions: la politique et le marketing. En effet, depuis toujours, les enseignants de marketing implorent leurs élèves de ne jamais mélanger l’entreprise aux activités partisanes. En revanche, le cadre entrepreneurial de 2022 propose le contraire.

Effectivement, je ne sors pas cette information de mon chapeau de magicien, mais plutôt d’une étude menée par James R. Bailey et de Hilary Philips pour le magazine Business Harvard Review. L’article nommé « How do consumers feel when companies get political?  » traduit « Comment les consommateurs se sentent-ils quand les compagnies deviennent politiques? » et les conclusions tirées permettent d’expliquer le paysage d’entrepreneuriat américain ainsi que ce qui se trame pour le futur du Canada.

Caractéristiques des sujets étudiés

  • 168 personnes sondées (Gestionnaires et gradués au MBA)
  • 52% de femmes et 40% d’hommes
  • 41% entre 20 et 29 ans
  • 39% 30 à 39 ans
  • 20% 40 ans et plus
  • D’affiliation politique très diverse

L’étude

Séparés en deux groupes, les sujets ont reçu un portrait d’une entreprise fictive (Bilan financier, vente, RH) et devaient dire s’ils feraient affaire avec eux et/ou s’il serait intéressés à travailler pour eux. Cependant, il y avait un « Twist » !

Même si les deux entreprises étaient identiques, l’un des groupes s’est fait dire que l’entreprise mettait de l’avant des valeurs libérales tandis que l’autre était conservatrice.

Les résultats recueillis sont tout simplement fascinants!

Les résultats

Du côté du groupe ayant reçu l’entreprise conservatrice, les dommages étaient considérables.

  • Une baisse de 30% de l’opinion de l’entreprise.
  • Jugé moins profitable que l’autre
  • Jugé moins actif dans la société
  • Une baisse de 25,9% de l’achat du produit vendu
  • Augmentation de 25,3% d’achat de produit du compétiteur
  • 43,9% étaient moins propice à postuler dans cette entreprise

Nous pourrions nous attendre à un retour de balancier pour l’entreprise jugée libérale, mais tout le contraire. La vision de l’entreprise, les achats, les perspectives d’emploi, tout est resté neutre.

Les conclusions de l’étude

Comme nous avons vu une réaction ultra négative pour l’entreprise conservatrice, mais pas pour la libérale, nous pouvons en déduire plusieurs choses. D’une part, les gens ayant une affiliation à la gauche américaine ont tendance à politiser les décisions de la vie quotidienne en lien avec leur idéologie. De l’autre côté du spectre, la droite américaine semble plus dans le laisser vivre et dans les décisions individuelles sans se soucier des conséquences.

Dans le portrait québécois

Aujourd’hui, la politique a beaucoup plus d’importance dans la vie de tout un chacun et la question du positionnement stratégique sur la base politique est très légitime. En revanche, je crois qu’aujourd’hui, au Québec, nous ne sommes pas rendus aussi divisé qu’aux États-Unis, donc le positionnement ne semble pas encore une nécessité.

Ma suggestion est donc de se focaliser sur le meilleur produit possible à offrir aux consommateurs tout en faisant gaffe aux obstacles sur la route.

 

Auteur : Sheldon St-Louis